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d’Albaret et au comte Valperga, et mourut des suites d’une chute avant d’avoir revu sa patrie. Sa mémoire est restée vénérée partout où il fut connu, parce qu’il fut, non-seulement un homme vaillant dans la guerre et généreux dans ses idées, mais, avant tout, un homme de bien.


Compte-rendu à ses commettants, par monsieur le marquis de Montcalm-Gozon, député de la noblesse de la sénéchaussée de Villefranche-de-Rouergue aux Etats-Généraux, convoqués pour le 4 de mai 1789.


Messieurs,

Chargé des pouvoirs dont vous m’aviez honoré comme député aux Etats-généraux du royaume, je vous dois un compte fidèle de ma conduite ; ce ne serait pas un devoir pour moi que je n’en remplirais pas moins cette tâche avec zèle et je mettrai toujours le plus grand prix à tout ce qui pourra me fournir le moyen de développer au plus grand jour les motifs qui ont dirigé mes démarches et les causes qui m’ont déterminé à quitter l’Assemblée depuis dix mois.

Vous devez vous rappeler, Messieurs, que la grande question qui agita les Assemblées primaires fut celle de l’opinion par ordre ou par tête; je fus chargé par vous d’un mandat impératif d’opiner par ordre et je me rendis à Versailles. C’est à cette époque qu’arrivèrent les grandes disputes de la vérification des pouvoirs, disputes qui ne furent élevées par l’ordre du Tiers-Etat que pour en venir à la délibération par tête. La Chambre de la noblesse, croyant trancher à cet égard toutes les difficultés, se constitua en Chambre séparée; ce fut mon avis, malgré celui d’une minorité qui voulait la réunion des ordres. Le Tiers-Etat alors s’occupait à diriger l’opinion publique. Réunis dans la salle de l’Assemblée générale, ils préparaient le poison dont ils se sont servis