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de là vint ce mouvement, si généreux dans ses débuts , qui eût été le salut du pays s'il eût été contenu dans ses limites rationnelles. On eût vu alors disparaître les abus et, par l'association de la liberté et de l'autorité , naître la monarchie constitutionnelle, qui était le but des meil- leurs esprits et dont nous voyons l'Angleterre recueillir les fruits.

Le marquis de Montcalm, ami de Lafayette, apparte- nait à cette jeune noblesse passionnée pour les idées nou- velles qui s'associaient pleinement chez elle à un entier dévouement au roi et à la monarchie.

L'assemblée de la noblesse, réunie à Villefranche, porta unanimement ses suffrages sur le brillant officier, alors âgé de 33 ans, qui réunissait à un mérite personnel incontestable l'avantage d'être, comme l'on dit aujour- d'hui , l'homme de son temps. Le jeune marquis se trouva donc transporté des agitations de l'Océan aux agitations du forum et ne tarda pas à regretter les premières. Nous lui laisserons la parole. Nous avons trouvé dans les archi- ves de sa famille une pièce authentique, écrite et signée de sa main, que nous publions in extenso. Nous y verrons, raconté par lui-même , ce qu'il fit à l'Assemblée consti- tuante. Cet écrit, fait en émigration, porte le cachet du plus profond découragement ; les illusions ont disparu , la révolution monte toujours, aux malheurs publics se joi- gnent les malheurs privés ; le député aux Etats-généraux ne voyant que troublent désordre , alors qu'il avait rêvé une ère de bonheur, regrette de s'être lancé dans la car- rière de la politique. Autant, il fut tranquille et souriant sur la dunette de son vaisseau au plus fort de la mitraille, autant il fut accablé en se voyant impuissant à empêcher le naufrage de la monarchie. A la vue des ruines qui s'amoncellent il craint d'avoir fait fausse route et trace dans l'exil ces lignes qu'il adresse à ses commettants.

Emigré d'abord en Espagne avec Madame de Gissac et Madame la chanoinesse de Montcalm, ses soeurs, il rejoi- gnit ensuite sa famille à Turin où la considération publi- que l'entoura. Il y maria ses deux filles, aussi remarqua- bles par leur beauté que par leurs vertus, au comte