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Mais, si telles sont les conditions dans lesquelles le sourd-muet peut le mieux recevoir, à ses degrés divers , l'éducation dont il a besoin (et qui lui doit être donnée, dirons-nous), ne faut-il pas que les mains auxquelles il peut être successivement confié agissent sous la salutaire surveillance, non pas d'une administration d'hospices et d'établissements généraux de bienfaisance, comme nous avons le regret de le voir encore aujourd'hui, et depuis trop longtemps, mais bien de l'administration de l'Instruc- tion publique? La médecine a dû, hélas ! en face de la surdi-mutité, s'avouer impuissante. Il n'y a donc pas ici des malades à traiter; il n'y a que des ignorants à ins- truire.

Lors des premières mesures législatives dont fut l'objet, en France, l'éducation des sourds-muets, les établisse- ments consacrés à l'instruction publique ne formaient pas les attributions d'un département ministériel spécial. Il put donc être naturel, alors, de rattacher l'administra- tion et la surveillance des institutions de sourds-muets au ministère de l'intérieur. Il ne semble pas aussi naturel qu'après les remaniements successifs qu'ont subis les diver- ses branches de l'administration supérieure , ces établis- sements-là soient encore classés parmi les services de ce ministère. Le peu de convenance de cette attribution ne. ressort-il pas des étranges voyages que ce service a faits dans les bureaux, où on l'a vu, à une autre époque, con- fondu dans une même division administrative, tantôt avec les beaux-arts, tantôt avec les haras !

Nous ne pouvons nous refuser à la conviction que les améliorations dont est certes susceptible encore l'oeuvre pédagogique spéciale qui nous occupe , ne sauraient être sérieusement assurées que quand ce service aura été placé (nous ne saurions trop le répéter) dans les attributions du ministre de l'Instruction publique.

Peut-être y aurait-il alors, oserons-nous dire, une cer- taine réciprocité de services à se rendre, entre les autres branches de la pédagogie et celle-ci, et si les instituteurs de sourds-muets auraient certes tant à gagner à soumet- tre leurs travaux au contrôle des fonctionnaires des cir-