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signe. » Il ajoute, seulement, que l'opération de là dictée étant ainsi tant soit peu plus longue, cela l'empêche d'en faire un usage ordinaire. Il nous dit ailleurs que, c'est un de ses élèves formés à l'articulation qui lui sert et lui répond habituellement la messe. L'enseignement de la parole aux sourds-muets (qui s'était, du reste, pratiqué en Espagne dès le seizième siècle, avant l'apparition du livre de Bonet, par le bénédictin Pedro Ponce), n'est donc pas, même en France, cette découverte, à la fois nouveauté scientifique et bienfait humanitaire, que des inventeurs, toujours plus enthousiasmés de leur oeuvre , quoique de plus en plus attardés , viennent annoncer encore de temps en temps, et si le sujet, toujours curieux sans doute, n'occupe chez nous l'attention publique qu'avec une certaine intermit- tence, c'est que l'exagération avec laquelle sont parfois présentés les résultats, finit par se tourner contre le sys- tème. On y voit, un moment, de l'extraordinaire, presque du miracle, et quand une attente trop confiante, et peut- être trop exigeante, n'est pas satisfaite complètement, par un retour assez ordinaire de l'opinion, le public arrive à conclure qu'il n'y a rien là où on n'a pas réussi à lui prouver qu'il y avait tout.

Si cette précieuse partie de l'instruction du sourd-muet a quelquefois été trop négligée par les instituteurs fran- çais , elle va reprenant dans l'enseignement de beaucoup d'entre eux la place qui doit lui être faite.

Il est curieux de voir, d'un autre côté , que dans nom- bre d'institutions d'Allemagne , on a cessé de considérer la parole comme l'élément essentiel de l'instruction du sourd de naissance. Nous voyons même, dans de récents congrès professionnels, à Berlin et à Vienne , la mimique (que répudiaient les premiers disciples de Heinicke) pro- clamée la langue naturelle du sourd-muet, et sa culture recommandée comme le premier moyen du développe- ment intellectuel et moral chez cet enfant.

Ce n'est aussi, du reste, que comme moyen, et ce n'est nullement comme but, ainsi que se l'imaginent quelques personnes, que les instituteurs français font intervenir les signes dans leurs leçons au sourd-muet. Leur but est ce