Son successeur, l'abbé Sicard, se préoccupa plus que lui de cette dernière nature d'intérêts, et il prépara plus efficacement son élève pour le monde, en l'initiant d'une manière plus réelle à l'emploi intelligent de la langue de son pays., sous la forme écrite, du moins. L'abbé Sicard , il est vrai, donna, lui, dans une autre erreur, l'opposée précisément de celle; de son prédécesseur. Si ingénieuses qu'elles fussent, en effet, ses analyses de grammaire étaient souvent trop subtiles pour être véritablement à la portée de son élève, en même temps qu'elles étaient, sou- vent aussi, superflues fort heureusement. Mais, malgré les exagérations qu'on peut lui reprocher, on n'en doit pas moins reconnaître que l'abbé Sicard ramena l'ensei- gnement de la langue au sourd-muet à un caractère ratio- nel qui lui avait d'abord, manqué. Aussi, ne saurions-nous nous associer aux attaques violentes qu'on a dirigées de- puis quelque temps contre lui comme pour faire payer pour ainsi dire à sa mémoire l'éclat, excessif peut-être, qui, de son vivant., entoura son nom.
La méthode d'enseignement à l'aide de la mimique , teille qu'elle fut conçue par l'abbé de l'Epée et qu'elle a été modifiée, avec raison, par l'abbé Sicard et ses disciples , constitue, pour l'éducation du sourd de naissance, la méthode française , méthode à laquelle, dès le temps de l'abbé de l'Epée, l'Allemagne opposa celle que pratiquait, à Leipzig, un émule, Samuel Heinicke. Celui-ci avait pris, pour point fondamental de son enseignement, l'ini- tiation du sourd de naissance au mécanisme et à la prati- que de la parole. C'est là, du reste, un objet d'étude que l'abbé de l'Epée, de son côté , n'excluait pas de son programme, comme on le suppose trop généralement. Seulement, l'instituteur français voyait dans la parole à rendre au sourd de naissance, le couronnement, et non la base, de l'édifice de son instruction. Il a consacré plusieurs chapitres de ses livres à exposer les procédés de cette partie de son enseignement, tels qu'il les pra- tiquait, et, dans maint passage des autres chapitres, il y fait allusion. « De temps en temps, dit-il, dans le mémoire, si plein de sincérité, que nous avons déjà cité, nous dictons nos leçons de vive voix et sang faire aucun