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on fait ainsi son éloge : « Adhemar III, episcopus appellatus piæ memoriæ et vir magnæ auctoritatis, obiit anno 1144. »

Guillaume, fondateur et premier abbé de Loc-Dieu, suivit de près dans la tombe son évêque Adhemar III, qui passe à juste titre pour être le second fondateur de cette abbaye.

Le cartulaire de Loc-Dieu raconte que « par une nuit froide et humide des premiers jours de juin 1144, Guillaume, quoique accablé sous le poids des années et miné par la maladie, voulut se rendre au chœur pour y chanter matines avec ses religieux, suivant la règle. Mais en chemin ses forces l'ayant abandonné, il ne put se traîner qu'à la porte de l'église où il resta couché sur la pierre humide pendant le temps de l'office. Ce fut là que venant de dire leurs prières, les moines le trouvèrent presque sans vie.

» Les pieux cénobites s'empressèrent de relever leur père et de lui prodiguer, en pleurant toutes sortes de soins. Mais le vénérable Guillaume respirait à peine et semblait à chaque instant sur le point de rendre son dernier soupir. Cependant revenu un peu à lui-même, il trouva assez de force pour articuler quelques paroles de manière à être entendu de ceux qui l'entouraient. Il leur dit

« Mes fils, je sens que je m'en vais, je ressusciterai un jour, et ces membres corruptibles qui m'abandonnent je les recevrai de nouveau à la résurrection incorruptible des mains de Jésus-Christ. Vivez dans la charité et l'union la plus complète. »

Les moines voulurent le porter dans sa cellule pour le placer plus commodément ; mais il leur fit signe qu'il fallait le transporter à l'église, car il voulait mourir en présence de Jésus-Christ qu'il avait toujours servi fidèlement.

Il leur répéta : « Vivez unis et observez exactement la règle de notre père Benoît, que votre abbé vous a transmise et qu'il avait reçue lui-même de Cîteaux. »