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de père procureur. Cette signature se répétait jusqu’à la moitié du mois de septembre 1759, et quelques feuillets après celui où elle avait cessé de figurer, nous avons rencontré la mention des frais funéraires du bon religieux, avec la date de son décès, survenu le 19. Ce ne peut donc plus être antérieurement à cette date, aujourd’hui certaine, du 19 septembre 1759, que se produisit la circonstance à laquelle on doit, ainsi que nous l’avons rappelé, le premier essai de l’abbé de l’Épée dans l’oeuvre de l’éducation des sourds-muets, et le temps, qualifié par lui d’assez long, qu’il mentionne comme s’étant déjà écoulé depuis la mort du père Vanin, à l’époque où il rencontra lui-même les anciennes élèves de ce religieux, ne permet pas de supposer que cette rencontre puisse avoir été antérieure à 1760. Il est même permis de se demander comment l’abbé de l’Épée eût attendu onze ans pour produire ses élèves devant le public, comme il le fit pour la première fois en 1771, si ses premières leçons eussent suivi de quelques mois seulement les dernières du défunt catéchiste.

Nous n’avons donc toujours pas, et nous n’aurons probablement jamais, la date précise des débuts de l’abbé de l’Épée. Si nous n’avons pas réussi à la découvrir, nous laissons du moins subsister un écart moins considérable entre les époques qui embrassent la période où le fait a dû avoir lieu.

J’ai peut-être occupé trop longtemps votre attention en lui demandant de me suivre dans cette recherche d’un document, que nous avons retrouvé sans doute, mais qui demeure incomplet. Me permettrez-vous, cependant, de solliciter encore cette bienveillante attention pour l’arrêter un moment sur les principaux développements que l’oeuvre a successivement reçus depuis sa fondation, et pour vous entretenir de ceux qu’elle nous paraît attendre encore ? (Il est vrai que la question des sourds-muets n’a pas encore de titres reconnus à l’hospitalité que la studieuse Sorbonne donne à vos entretiens, puisque l’oeuvre dont il s’agit n’est, quant à présent, pas en droit ce qu’elle est pourtant bien certainement en fait, du domaine de l’instruction publique).