Page:Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, tome 11.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

envoyés par l’abbé sortaient du monastère et se divisaient pour aller, dans différentes paroisses de la contrée, porter la parole évangélique. Au moyen de ces missions apostoliques, ces moines instruisaient et entretenaient les populations dans la foi religieuse, tout en venant en aide aux pasteurs. De sorte que vers la fin du XIIe siècle, lorsque l’hérésie dès Albigeois faisant son apparition en Rouergue pénétra sur la rive gauche de l’Aveyron par Laguépie et infecta Najac, Morlhon, Rieupeyroux, Combrouse, etc.[1], on peut constater bien clairement que la rive droite de cette rivière fut préservée par la vigilance des moines de Loc-Dieu et l’instruction solide qu’ils avaient donnée à ces populations[2].

  1. Ceux qui dans le Rouergue partagèrent les erreurs des Albigeois furent appelés Petarrins, nom par lequel on désigne encore les habitants du Ségala. (De l’influence des milieux..., par J -P. Durand (de Gros].)
  2. Au XIIe siècle, le Bas-Rouergue comptait un nombre considérable de monastères d’hommes. C’étaient autant de centres de piété et de travail qui poursuivirent le même but que l’abbaye de Loc-Dieu, l’aidèrent puissamment à répandre dans ce pays les lumières de la foi et les bienfaits de l’agriculture.
    Noms de ces monastères dans l’ordre chronologique de fondation :

    Ve siècle, Saint-Antonin, monastère d’hommes, bénédictins.

    890, Varens, monastère d’hommes, bénédictins, dépendant d’Aurillac.

    890, Vailhourles, monastère d’hommes, bénédictins, fondé par saint Géraud, comte d’Aurillac.

    1006, Aubin.

    1025, Rieupeyroux, monastère d’hommes, dépendant de Saint-Martial-de-Limoges.

    1040, Rinhac, monastère d’hommes.

    1053, Mauriac, monastère d’hommes, ermites, fondé par Odillon, fils de Raoul, comte de Rouergue.

    1079, Saint-Sépulcre-de-Villeneuve, monastère d’hommes, fondé par Bérenger de Narbonne, évêque de Rodez.

    1072, Roussennac.

    1105, Asprières, monastère d’hommes, dépendant de Rieupeyroux.

    1123, Loc-Dieu, monastère d’hommes, bénédictins de Cîteaux.

    1140, Beaulieu, monastère d’hommes, bernardins de Saint-Benoît, commencé en 1140, définitivement établi en 1144.

    1150, Tizac, monastère d'hommes, dépendant de Rieupeyroux.

    1170, Alzonc, monastère d'hommes.

    1186, Villefranche, monastère d'hommes, templiers.

    On est frappé de voir autant de monastères dans cette partie du Rouergue relativement peu étendue. Les couvents de filles étaient moins nombreux. Le plus célèbre fut l'abbaye des bénédictines à Oraison-Dieu, près de Saint-Antonin.