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restreint. Il en fut autrement lorsque la construction nou- velle faite pour une communauté nombreuse fut terminée, et qu’il fut permis à l’abbé de recevoir comme postulants tous ceux qui se présentaient. Alors en peu de temps le nombre des cénobites augmenta d’une manière considérable, au point que, malgré la dure épreuve d’un long noviciat de quinze années, on en comptait environ 350 à la mort de Guillaume.

Une circonstance avait contribué en ce temps à amener à Loc-Dieu un grand nombre de postulants. En 1124 le comte de Rodez, Hugues Ier, s’étant croisé pour aller à Jérusalem, avait fait un appel à tous ses sujets du Rouer- gue, et presque toute la jeunesse était partie pour cette expédition.

En 1134, c’est-à-dire dix ans après, ceux qui étaient revenus de ces contrées lointaines, ayant beaucoup souffert, et un grand nombre se trouvant accablés d’infirmités et peu capables de travailler pour gagner leur vie, trouvèrent un asile dans l’abbaye de Loc-Dieu devenu pour eux une sorte d’Hôtel des Invalides des soldats de la croisade. On utilisa dans la maison ou dans les champs tous ceux qui purent travailler.

Il y eut encore sous Guillaume une autre classe de gens qui vinrent augmenter le nombre de ces derniers. Ce fut celle de ces hommes qui, fuyant les périls de la guerre, allèrent trouver un refuge dans ce saint lieu, heureux qu’on leur fournît du travail pour vivre et un asile pour s’y abriter. Plusieurs de ces hommes demandèrent à être admis comme moines, et après le temps d’épreuve voulu ils finirent par devenir des religieux très fervents.

Guillaume, qui avait apporté dans sa règle l’esprit austère de celle de l’abbaye de Dalone, imposait souvent à ses religieux certaines obligations plus sévères que la règle pure de saint Benoît.

Le digne abbé à l’exemple de son maître avait recommandé de ne pas ouvrir trop facilement la porte de la maison aux nouveaux venus appelés postulants, suivant le précepte de l’apôtre qui dit : « Examinez les vocations,