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couvent des Pères de la Doctrine chrétienne) deux jeunes personnes sourdes-muettes, auxquelles un religieux de la communauté , « le père Famin , » dit toujours notre nar- rateur, avait entrepris, à l'aide d'estampes, d'enseigner leur religion. Ce catéchiste d'un nouveau genre était mort, et personne ne s'était offert encore à continuer ses leçons. L'abbé de l'Epée, dont l'âme si chrétienne ne trouvait assurément pas un aliment à sa charité dans les querelles théologiques de son époque, s'offre de suite , lui, pour reprendre l'instruction interrompue des deux soeurs, et l'oeuvre publique de l'éducation des sourds- muets est par lui, ainsi que nous l'annoncions tout à l'heure , définitivement fondée.

C'est sans doute de la bouche même de l'abbé de l'Epée que son successeur recueillit le récit que celui-ci nous a transmis ; mais la mémoire de notre auteur ne paraît pas l'avoir servi d'une manière absolument heureuse. En effet, si nous nous reportons au volume que l'abbé de l'Epée a, lui-même, publié sous le titre d'Institution des sourds et muets par la voie des signes méthodiques, livre que l'abbé Sicard semble n'avoir pas lu, si étonnant que cela soit, nous y voyons que le religieux doctrinaire dont il s'agit se nommait, non pas Famin, mais bien Vanin.

L'abbé de l'Epée ne désigne pas, dans son propre récit, le quartier où était située la maison habitée par la famille des deux sourdes-muettes jumelles, ses premières élèves. Quant à l'époque où il faut placer la visite qu'il fit dans cette maison, il ne la précise pas autrement qu'en disant qu'un temps « assez long » s'était écoulé depuis la mort du révérend père. De là, les dates différentes proposées par ceux qui ont écrit sur la fondation due à l'abbé de l'Epée, les uns l'ayant fait remonter à 1753, et les autres n'ayant pas cru pouvoir la placer plus haut en arrière que 1765.

On ne trouve pas de mention positive des travaux de l'abbé de l'Epée dans un mémoire , sous forme de lettre , daté du 26 décembre 1764, et inséré dans le cahier d'oc- tobre 1765 du Journal de Verdun, mémoire dans lequel un élève de Péreire , du nom de Saboureux de Fontenay , retrace l'histoire de sa propre éducation. Ce jeune homme,