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Savignac, St-Grat, Elves, La Rouquette, Calcomier et Marin, tous placés dans les environs de Loc-Dieu.

À l'époque de la vente du comté de Rodez par Alphonse Jourdain, c'est-à-dire en 1112, le seul chemin praticable entre Rodez à Cahors (de Segodunum à Divona) était l'ancienne voie romaine qui, d'après la carte Théodosienne, coupait le bois du Puech-d'Elves ou de Loc-Dieu dans sa plus grande longueur d'orient en occident. D'après le même document, il y avait encore la voie d'Albi à Cahors qui serait entrée dans le Rouergue par Cordes, de là, à notre sens, elle devait se diriger sur Cahors, par Laguépie et Parisot, et couper la grande forêt de Loc-Dieu, du midi au couchant.

Ces deux voies formaient donc un angle dont Cahors était le sommet, et Rodez et Albi les deux extrémités. C'est au centre de l'écartement formé par ces deux lignes de routes que se trouvait le Puech-d'Elves avec son dolmen, son lac marécageux et la terreur qu'il inspirait. Cette immense forêt était limitée au nord par la rivière du Lot et ses montagnes escarpées, au sud par celles de l'Aveyron avec ses rochers noirs et sauvages.

Ce fut précisément cette sombre et redoutable forêt, autrefois profanée par le culte sanglant des druides, et maintenant remplie de bandes de voleurs et d'assassins dont la tradition s'est conservée dans la contrée et en fait encore un lieu d'horreur, que les moines choisirent de préférence pour y fixer leur demeure. (Ibi invento loco solis latronibus apto et multis homicidiis infami.Gall. christ, t.l, page 262).

Ce qui jusque-là avait été un objet d'horreur et d'effroi, un lieu maudit, locus diaboli ou lieu du diable, fut sanctifié par la prière et la pénitence, et devint locus désormais Dei ou lieu de Dieu.