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De ce nombre, et parmi les plus célèbres se trouva Pons de Gauthier, seigneur du Doumayrenc, que les chroniqueurs du temps ont qualifié « de très habile et très vaillant capitaine. »En effet, l’histoire des croisades rapporte que, chargé de conduire une division considérable de sept mille hommes de cavalerie d’avant-garde, pris tous chez les Ruthènes, Pons de Gauthier s’était mis en marche le 18 mars 1096, et arriva à Constantinople sans avoir reçu aucun échec. Peu de jours après, attaqué par les Turcs à l’entrée du Bosphore, il tomba percé de sept flèches et mourut au milieu des cadavres ennemis sans avoir encore mis le pied sur cette terre sainte pour laquelle il avait vaillamment combattu.

Les seigneurs du Bas-Rouergue qui firent parti de l’armée de Raymond Saint-Gilles furent encore :

Rigal, seigneur de Morlhon, dont le château est situé sur une montagne inaccessible qui s’élève au milieu des gorges profondes à peu de distance de Villefranche, sur la rive gauche de l’Aveyron[1].

  1. Le château de Morlhon (ou lieu des Maures, mauri locus, mour-liou en patois, liou du maure au VIIIe siècle), fut le berceau de la famille de ce nom à la formation de la féodalité. En 1257, cette famille aliéna une partie de ses terres, et céda ce château aux évêques de Rodez, en échange des terres et dîmes inféodées de Veusac. Les Anglais occupaient ce repaire en 1360, les bandes de routiers le gardèrent longtemps. Après leur expulsion il revint aux évêques de Rodez, qui y tenaient un capitaine châtelain. Monseigneur d’Estaing aimait le château de Morlhon, qui lui rappelait la solitude profonde et le désert. Au XVIIe siècle, les consuls de Villefranche en avaient fait une prison d’État, et y avaient un capitaine. Il n’en reste que quelques ruines.