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dée, que Strabon désigne ces gîtes, lorsqu’il parle des mines d’argent du Rouergue, et que sa phrase « In Ruthenis argentariæ vigent artes » s’applique spécialement à l’industrie que leur présence avait développée dans cette partie du département.

Il est d’un grand intérêt pour l’histoire du Rouergue de pouvoir suivre pendant plus de vingt siècles les progrès de l’industrie métallurgique dans notre arrondissement de l’Ouest. Les tranchées de la Maladrerie sont pour nous le premier degré de l’exploitation des métaux chez les Ruthènes. S’il ne nous reste rien de l’orfèvrerie gauloise, nous possédons du moins des échantillons de la numismatique de cette époque. Quant à la période gallo-romaine, elle est représentée par les galeries taillées au ciseau et par les monnaies et les bijoux trouvés par M. l’abbé Cérés, sur divers points du département. La première partie du moyen-âge est pour nous pleine d’obscurité, mais nous savons que l’influence bienfaisante des comtes de Toulouse se fait sentir au XIIe siècle. Dans ce temps de paix, le sol est partout fouillé ; Villefranche est bâtie ; l’argent et le cuivre que produisent ses environs y sont fondus et frappés en monnaies au coin des rois de France ; l’usage des ustensiles en cuivre s’étend de tous côtés, la fabrication de ces objets se développe dans cette nouvelle ville, au point qu’au siècle dernier elle atteint un degré de prospérité qu’elle ne verra plus. La confrérie de Saint-Eloi, ou corporation des ouvriers travaillant les métaux, a compté pendant longtemps plus de 500 membres. Enfin, notre génération voit se rouvrir les mines de Villefranche et s’élever les magnifiques établissements d’Aubin et de Decazeville auxquels tout promet un avenir prospère.

Peut-être un jour exhumera-t-on de la vallée de la Madeleine les restes d’un atelier métallurgique gallo-romain, comme celui du monnayeur gaulois au champ de Goutrens. Jusqu’ici la pioche seule du cultivateur a remué les cendres de cette ville morte, tout nous est venu du hasard. Mais ne désespérons pas de voir l’archéologue patient retirer avant peu de ce sol, vierge de toute recherche scientifique, des preuves irréfragables de l’existence