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devons à l’obligeance de M. Alary, propriétaire d’une vigne à la borie des Pères, une monnaie de Constantin et un fragment de poterie d’un beau grain qu’il a découverts tout récemment. Quoique le relief du dessin ait été usé par le frottement des terres bouleversées si souvent par la culture, les divers détails qu’on peut y voir encore permettent de juger de sa finesse et de sa beauté d’exécution. Ce fragment représente, assis sur un char, un personnage dont la tête semblerait être celle d’une femme. Derrière ce personnage se dresse un palmier, au-dessus de sa tête un génie ailé tient un phylactère sur lequel on lit « PERA » (imperator ou imperatrix). Le tout est entouré d’une assez forte moulure dans laquelle on voit une série de creux circulaires. M. Alary nous a montré un endroit de sa vigne où se trouve, à plus d’un mètre de profondeur, un bassin de forme rectangulaire, revêtu à l’intérieur d’un béton très-dur. Quatre marches en pierre permettent d’y descendre ; sa longueur est de 2m 50 à 3 mètres sur 1 mètre de largeur; à l’un des côtés se trouve une rigole débouchant dans le bassin, et à l’extrémité opposée on a découvert des tuyaux en plomb. C’était sans doute un lavacrum.

Reprenons maintenant le rapport de M. de Hennezel, dont nous avons déjà cité quelques lignes, et disons avec lui que les martinets à cuivre établis sur le ruisseau de la Maladrerie ont, probablement, pris la place des anciennes usines où l’on traitait les minerais[1].

Organisée par l’administration des gouverneurs des Ruthènes, l’industrie gallo-romaine put continuer à se servir des usines de la Maladrerie ; mais, plus tard, leur

  1. Des quantités considérables de scories et même des débris de creusets ont été trouvés aux martinets. En remontant le cours du ruisseau de la Maladrerie, vers le village de Morlhon, et à environ 200 mètres de ces martinets, on voit les restes d’un ancien canal creusé dans le roc. Ce canal, qui, à cet endroit, dominait le ruisseau de quelques mètres seulement, maintenait l’eau à une certaine hauteur en la conduisant jusqu’à ces usines pour y former nne forte chute. Le souvenir de ce canal s’est conservé : on appelle encore aujourd’hui celle gorge « los conals de Mourliou. »