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jusqu’à sa destruction d’être le centre industriel de la contrée. La grande voie romaine de Rodez à Cahors avait été dirigée de manière à traverser à peu près le point central des gisements métallifères du pays.

Lorsqu’au Xe siècle les travaux des mines furent repris avec une grande activité sur toutes ces montagnes, on ne pouvait songer à relever les ruines de l’ancienne ville, puisque le centre d’exploitation était déplacé et porté à plus d’un kilomètre de celle-ci. Les Rouergats avaient aussi un grand intérêt à se rapprocher de la vieille route romaine, car c’était par cette voie que s’écoulaient leurs produits métallurgiques. Les mineurs construisirent leurs habitations au pied des montagnes exploitées et sur les deux rives de l’Aveyron. La partie agglomérée de la rive gauche, qui était la plus importante, prit le nom de la Peyrade et devint plus tard un faubourg de la nouvelle ville. En supposant qu’au moment où on voulut bâtir Villefranche, les ruines de l’ancienne cité fussent encore apparentes, il est impossible d’admettre, avec M. de Gaujal, qu’on eût songé à mettre à profit de telles fondations et encore moins les matériaux épars. Nous savons, en effet, qu’après le massacre et le pillage, les Barbares avaient l’habitude de brûler les villes. Or, cinq siècles plus tard, il devait à peine rester quelques pans de mur ou quelques amas de pierre qu’on ne pouvait songer à utiliser lorsque la pierre à bâtir abondait et abonde encore auprès de l’emplacement de la nouvelle cité.

Ici semble finir la tâche que nous nous étions d’abord imposée ; cependant nous ne croyons pas devoir borner notre étude aux critiques précédentes et nous éprouvons le désir d’exprimer plus clairement notre pensée, si c’est possible.

IV.

Dans la vallée où s’élevait jadis la ville qui nous occupe, se trouvent aujourd’hui deux fermes : la borie de Vaïsse et la borie des Pères, ancienne propriété des Pères doctrinaires qui dirigeaint, avant 1789, le collége de Villefranche,