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quis exaspéré suscita toute espèce de querelles et de violences, il déclara une guerre à outrance aux habitants et au Seigneur de La Bastide qui faisait cause commune avec eux. Des procès criminels s'ensuivirent, à la suite desquels il y eut trève et réconciliation entre les parties belligérantes plaidant et guerroyant en même temps.

Or, pendant la trève, Pierre Durand, fils du marquis, qui habitait le château de Verdun, appartenant à un frère du marquis, exécuta un horrible guet-apens contre le vicomte de Trellans, seigneur de La Bastide. Suivi de quarante affidés, armés et masqués, il se rend à La Bas-

tide-Teulat le dimanche 15 juillet 1674. Le vicomte étant à la messe, les conjurés pénètrent dans l'église, l'enlèvent, l'emmènent avec eux et le massacrent non loin de là avec deux domestiques qui avaient suivi leur maître. On raconte que c'est aux environs d'Alban, au lieu appelé Le Noyer, que la victime fut achevée. Son corps fut transporté le même jour à La Bastide et un long procès criminel s'ensuivit. Un nommé Assier, vassal du seigneur de La Bastide, qui fut accusé d'avoir, par tra- hison, favorisé les assassins et facilité le meurtre, fut obligé de s'expatrier. Ses biens furent confisqués pour cause de félonie et adjugés aux fils du seigneur assassiné; mais cet acte d'extrême rigueur ne fut point ratifié par

l'opinion publique. La tradition rapporte que si Assier s'unit dans cette circonstance aux ennemis de son sei- gneur pour le perdre, ce fut pour venger des outrages personnels et journaliers que ce seigneur se permettait envers ses filles, outrages que les lois de l'époque étaient impuissantes à faire cesser.

Les fils de la victime, Jean, Luc et François de Nogaret de Trellans, portèrent plainte au roi ; ils poursuivirent le meurtrier, l'assiégèrent dans son château de Verdun, d'où il s'évada à la faveur de la nuit après six jours de siége. Mais deux mois après il fut arrêté aux environs de Castres, conduit à Toulouse, jugé et condamné à mort, et transféré à Plaisance où il fut exécuté publiquement sur la place de Saint-Blaise. Cette assertion dernière paraît néanmoins contestée. Si l'on en croit une autre tradition, le condamné prêt à subir sa peine se serait échappé de sa