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le commerce des grives. Le genevrier étant très commun dans la commune, les grives arrivent en foule au com- mencement de l'hiver pour y passer cette saison, pendant laquelle elles se nourrissent exclusivement des baies du genevrier. On élève des piéges sous ces arbustes au moyen d'une ardoise placée de champ, légèrement inclinée et soutenue par quatre petites buches artistement agencées, au milieu desquelles on place une petite tige de gené- vrier ou quelques grains de genièvre pour attirer l'oiseau qui, ainsi alléché par cet appât, va se reposer sur les bûches qu'elle fait tomber par son propre poids et avec lui l'ardoise sous laquelle il trouve la mort. On prend de cette manière , dans chaque ferme, un bon nombre de ces oiseaux tous les hivers, et ce nombre varie selon le plus ou moins d'abondance de genièvre. Cette industrie rap- porte annuellement dans plusieurs domaines jusqu'à six cents francs. C'est par ce procédé qu'on prend la grive appelée du Camarès, si connue des gourmets et si recher- chée sur nos tables ! Oiseau célébré par Jules César, si l'on en croit une tradition qui remonte au passage de ce grand capitaine dans nos contrées et qui, néanmoins, n'est pas consignée dans les Commentaires de cet historien militaire, quoiqu'en disent plusieurs lettrés. Autrefois , cet oiseau ne se vendait que 25 ou 30 centimes; aujour- d'hui il se vend communément 75 centimes et le tourdre moitié moins.

Dans les temps anciens , avant que le défrichement eût détruit les bois qui couvraient presque toute la surface de cette commune, les propriétaires des domaines se livraient à une autre industrie aujourd'hui disparue ; ils recevaient des contrées voisines, moyennant un salaire convenu , plusieurs porcs qu'ils envoyaient à la glandée pendant deux ou trois mois de l'hiver. Ils trouvaient ainsi les moyens d'utiliser le gland qu'ils n'auraient pu ramasser à cause de sa grande abondance et du manque de bras, et ils recevaient une gratification par tête d'animal, sur laquelle le seigneur haut justicier percevait un droit éta- bli et débattu entre les consuls de la communauté et le seigneur. Ce droit s'élevait à 10 deniers par tête d'animal,