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Même pendant tes vacances, le règlement n’abandonne pas les enfants : certaines tâches leur sont imposées, on leur fait des recommandations austères, relatives à la modestie. Ils ne doivent pas « s’habiller devant leurs sœurs, ne point aller se baigner en été, leur représentant combien cela est dangereux pour la vie et le salut », etc.

Les deux appendix sont remplis également d’enseignements, et pour tout esprit de bonne foi, il n’est pas possible de ne pas se sentir pénétré d’admiration pour les sentiments que l’évêque s’efforce d’inspirer aux jeunes prêtres,

    peaux brodés, cocardes, épées, fusils, etc. Les officiers étaient distingués par des bâtons de commandements, demi-picques, spontons, hallebardes, hausse-cols, plumets, etc.

    Cette jeunesse a fait beaucoup plus de progrès dans ces exercices que dans celui de leurs classes, qui a été fort interrompu. Ils remplissaient toutes les fonctions militaires, les marches, contre-marches, les décharges, etc., comme des troupes réglées. Les Jésuites s’étaient chargés de faire les avances, mais que les parents ont payées, et l’on prétend qu’ils ont trouvé par là le secret de satisfaire à toute la dépense et qu’ils en ont eu de reste. Cela n’est pas difficile à croire. Les Révérends Pères ne sont pas accoutumés à faire des marchés désavantageux.

    Le samedi, 5 juin, toutes ces troupes furent en procession à la cathédrale offrir une bannière où les deux saints étaient représentés. Il y avait un nombreux clergé qui se trouva augmenté de plusieurs clercs, étudiants en théologie, philosophie et autres classes en surplis, contre leur premier projet, qui était de leur faire quitter l’habit clérical pour porter les armes et grossir leurs troupes ; projet qui fut contrarié par M. l’évêque, Mgr de La Poype, qui leur manda que ceux des clercs qui changeraient d’habit ne seraient jamais admis aux ordres sacrés. Cela n’empêcha pas que plusieurs du diocèse, dont la vocation n’était pas bien forte, et particulièrement leurs pensionnaires, ainsi que d’autres qui n’étaient pas du diocèse, ne prissent les armes. Chaque classe composait une compagnie avec les tambours, fifres et hautbois. Les régens, le bonnet enfoncé dans la tête, fermaient la marche de chaque compagnie.

    Le père ministre présenta la bannière au chapitre et fit le compliment, car le recteur ne marche que pour les princes et les prélats. Après quoy, toute cette soldatesque retourna au collège, où était le magasin des armes, pour les y déposer. Pendant sa marche, un régent ayant vu que les hautbois se ralentissaient, se tourna vers eux, et formant quelques pas en cadence, leur dit en chantant : Allons, là, là, là, là, etc.

    Pendant l’octave il y a toujours eu des sermons qui n’ont pas fait grand bruit, etc.

    Un feu d’artifice, dans la cour du collège, avec des illuminations, fit la clôture de cette comédie. Les fenêtres des deux congrégations étaient remplies de personnes de l’un et de l’autre sexe. C’était sur les neuf ou dix heures du soir. Nos soldats s’y battirent comme des déterminés. Il y avait eu le matin une communion générale.