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être regardées autrement que comme un témoignage, altéré si l’on veut par l’imagination populaire, mais néanmoins réel, indubitable, d’un grand événement géologique des périodes primitives de notre histoire. On ne peut refuser un caractère au moins aussi sérieux, aussi digne de la sollicitude de la science, aux notions qui nous restent du bouleversement des terres et des mers qui a eu lieu aux vieux âges de l’Amérique.

Le fait de ce cataclysme acquiert un nouvel intérêt lorsqu’on admet, avec les américanistes les plus autorisés, qu’antérieurement à la transformation du sol, qui fut la conséquence du désordre des eaux, l’Atlantide était une terre où une civilisation spéciale s’était déjà développée. Torquemada [1] notamment soutient que l’Amérique était peuplée avant le déluge et, en outre, que ses habitants avaient une taille gigantesque [2]. De la sorte, les Patagons de nos jours, que les voyageurs nous ont représentés, non sans un peu d’exagération, il est vrai, comme des hommes d’une stature extraordinaire, seraient peut-être des restes de ces premiers autochtones.

Mais le temps n’est pas venu où nous pourrons acquérir une idée quelque peu exacte de ce qu’étaient les habitants primitifs de l’Atlantide; et, pour l’instant, contentons-nous d’apercevoir quelques vagues lueurs d’un passé durant lequel l’Amérique ne formait point, comme durant les siècles qui précédèrent le glorieux voyage de Colomb, un hémisphère absolument isolé du reste du monde.

Notes

  1. Monarquia Indiana, lib. I, cap. 14.
  2. Boletin del Instituto national de Geografia y Estadistica de la Re-pûblica Mexicana, 1861, p. 282. — La même opinion se trouve mentionnée dans l’ouvrage de l’historien Ixtlixochitl.