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nommée Ataentsic, laquelle serait tombée du Ciel, au-dessus duquel existe un autre monde. Mais la postérité de cette femme n’atteignit pas au delà de quatre générations, un déluge ayant alors submergé les humains, à un tel point qu’il fallut ensuite métamorphoser les bêtes en hommes pour repeupler la terre.

Enfin, les Groënlandais eux-mêmes qui, par leur situation aux confins des contrées polaires, eussent pu se trouver en dehors du théâtre où se sont propagées les traditions des autres peuples américains, ont également gardé le souvenir d’une grande inondation diluvienne. A cette époque, le monde fut englouti sous les flots et un seul homme échappa à la terrible tourmente. Pour témoigner de l’exactitude de leur récit, les indigènes rapportent qu’ils ont vu maintes fois, dans les régions inhabitées et fort lointaines de la mer, des débris de poissons et même des ossements de baleine sur les hauteurs les plus inaccessibles de leurs montagnes.

Il serait facile de multiplier considérablement les récits de traditions américaines se rattachant au grand cataclysme de l’antiquité transatlantique. Ce qui vient d’être rapporté suffit, il me semble, pour montrer combien a été persistant, sur toute l’étendue du Nouveau-Monde, le souvenir de cet effroyable désastre. Je n’ignore pas que l’idée d’un antique déluge se trouve également chez presque tous les peuples du globe ; mais, dans l’ancien continent, la tradition n’a pas imprimé sur l’esprit des peuples un sentiment de terreur à beaucoup près aussi indélébile. Et d’ailleurs les traditions diluviennes des nations de l’Europe et de l’Orient ne sauraient