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Une tradition des Tarasques, rapportée par Herrera, semble rappeler le même cataclysme. Le premier homme et la première femme, suivant cette tradition, avaient été faits d’argile: un jour qu’ils étaient allés se baigner, ils furent tellement imbibés d’eau, qu’ils tombèrent comme un peu de boue. Le Créateur dut alors recommencer son œuvre, et fit les deux êtres de cendres ; mais, cette fois encore, ils furent anéantis. Ce ne fut qu’au troisième essai, que l’homme et la femme, construits de métal, purent résister aux accidents et devenir les ancêtres du genre humain. La même tradition nous donne un récit du déluge qu’on dirait calqué, au moins dans quelques-unes de ses parties, sur le récit du déluge biblique.

Dans toute la péninsule du Yucatan, l’horreur du grand cataclysme de l’antiquité américaine a laissé de profondes traces. C’est ce bouleversement du sol que les Indiens désignent aux ruines de Mayapan sous le nom maya de Xbulnaïl, et vraisemblablement le même événement géologique que Cogolludo désigne par les mots hun-yecil ou inondation des forêts. Il y aurait là, suivant Brasseur, une confirmation de la doctrine suivant laquelle les flots auraient submergé, à une date relativement récente, une partie civilisée de l’antique région isthmique ; et cette doctrine acquerrait une nouvelle valeur par le Rapport du voyageur Georges Catlin, qui dit avoir trouvé des dépôts considérables de sable marin (sea sand) au sommet des édifices les plus élevés d’Uxmal. « La civilisation, dont les monuments du Yucatan sont les témoins muets, ajoute le savant abbé [1], aurait donc été détruite par un cataclysme plus moderne, et la péninsule, ou au moins une portion de la péninsule, aurait été sous la mer depuis l’érection de ses monuments.

  1. Vocabulaire Maya-Français, au mot Xbulnaïl.