Page:Mémoires de la Société d'ethnographie, Tome XII, 1874.djvu/440

Cette page n’a pas encore été corrigée

jointes : « On célébrait la fête du Feu, » parce qu’à cette époque on réchauffait les arbres pour les faire bourgeonner. De quatre en quatre ans, on jeûnait huit jours, en mémoire des trois fois le monde avait péri ; on appelait cette fête la fête de la Rénovation [1].

Le même document mexicain nous fournit, à l’occasion de la fête Atmotfli, célébrée en commémoration de l’écoulement des eaux diluviennes, une image à demi entourée du signe hiéroglyphique de l’eau ; et cette image reparaît souvent dans leurs peintures didactiques comme une perpétuelle réminiscence de l’antique cataclysme du sol américain.

Le Codex Chimalpopoca, ou Histoire Chronologique des États de Culhuacan et de Mexico, que Brasseur de Bourbourg nous a fait connaître par d’importants extraits, notamment par les fragments des textes américains qu’il a intitulés l’Histoire des Soleils, nous fournit également un récit de cette terrible commotion géologique. Et ce récit nous rappelle involontairement celui du Timée. A ce moment, dit l’auteur aztèque, « le Ciel se rapprocha de l’eau : en un seul jour (ggggg, a dit Platon), tout se perdit, et le jour nahui-xochitl consuma tout ce qui était de notre chair. » (Hualpachiuhin ilhuicatl : ça cemilhuitl inpoliuhque, auh in quicuaya nahui-xochitl inin tonacayouhcatca).

Puis le récit continue : « Et cette année était celle de ce-calli ; et le premier jour nahui-atl, tout fut perdu. La montagne même s’abîma sous l’eau. Et l’eau demeura

  1. Voy. mes Archives paléographiques de l’Orient et de l’Amérique (t. I, p. 197, et Atlas, t. I, pl. xxix), dans lesquelles j’ai reproduit intégralement les peintures mexicaines du Codex Telleriano-Remensis, et le texte espagnol qu’on y a joint pour servir d’explication.