monde les traces des opérations et des destinations primitives [1] ».
Il est également à propos d’observer que la partie du continent américain dont la géologie a constaté l’envahissement par la mer est celle qui rapproche le plus ce continent de l’Europe méridionale et de l’Afrique. Ce sont ces envahissements qui ont réduit les Antilles à l’état d’archipel, et qui, constatés sur la côte nord-ouest de la Colombie jusqu’aux Guyanes, permettront probablement, un jour, de rattacher aux mêmes transformations orographiques la formation des îles Canaries, des Açores et du Cap-Vert [2]. Ces îles, elles aussi, derniers restes d’une région plus étendue, vont s’amoindrissant de jour en jour au contact de l’Océan qui les attire dans l’abîme [3].
On se méprend, d’ailleurs, trop souvent sur la distance qui sépare l’ancien continent du nouveau. « La distance de continent à continent dit Alexandre de Humboldt, dans une direction N.-E. S.- O., sur laquelle se trouvent les îlots et écueils des Roccas, de Fernando Noronha, du Pinedo de San-Pedro et de French Shoal, est de 510 lieues, en supposant le cap de Sierra-Leone, d’après le capitaine Sabine, à la longitude de 15° 29’ 34", et le cap de San-Roque, d’après l’amiral Roussin et l’habile observateur M. Givry, à la longitude 37°3/ 26". Le point le
- ↑ Études sur la constitution du Nouveau-Monde, dans la Revue Orientale et Américaine, 1858, t. I, p. 90.
- ↑ Les îles Açores paraissent tirer leur origine d’irruptions volcaniques. Mais il est juste d’ajouter que la grande Canarie, qui n’a jamais donné lieu à des éruptions, a été formée par un cratère de soulèvement émergeant du sein des eaux, ce qui a fait dire à Léopold de Buch (Description des Canaries) que, devant sa naissance à un tel phénomène, elle ne pouvait être considérée comme un débris de l’Atlantide épargné dans le grand cataclysme. — L’opinion contraire a toutefois été formulée. « L’hydrographie, la géologie, la botanique s’accordent pour nous apprendre que les Açores, Madère, les Canaries, sont des restes d’un grand continent qui jadis unissait l’Europe à l’Amérique du Nord » (Charles Martins, Les Glaciers polaires, dans la Revue des Deux-Mondes du 1er mars 1867).
- ↑ Reclus, La Terre, t. I, pp. 46 et 807.