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à revenir, chaque jour, de plus en plus sur son jugement trop sévère ; et déjà plus d’un esprit sérieux, suivant la trace d’Alexandre de Humboldt, pense qu’il y a lieu de se préoccuper « d’un mythe qu’à tort on a cru une fiction de la vieillesse de Platon ».

Examinons donc ce mythe, en reproduisant tout d’abord les faits les plus caractéristiques qui s’y rapportent d’après le récit du Timée et du Critias [1] :

Suivant le premier de ces écrits, les Athéniens auraient eu à détruire une puissante armée venue de la mer Atlantique, armée qui avait envahi insolemment l’Europe et l’Asie. Cette mer était alors navigable, et il y avait au delà du détroit appelé les Colonnes d’Hercule, une île plus grande que la Libye et que l’Asie réunies.

De cette île, on pouvait se rendre aisément aux autres îles, et de celles-là à tout le continent qui entoure la mer intérieure. Dans cette île Atlantide régnaient des princes très puissants qui avaient non seulement sous leur domination l’île entière, mais encore plusieurs autres îles et des parties de la terre ferme. Ils régnaient en outre, en deçà du détroit, sur la Libye jusqu’à l’Égypte, et sur l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie. A une époque postérieure, des tremblements de terre extraordinaires et des inondations étant survenus, engloutirent, en un seul

  1. Le texte grec et la traduction des passages du Timée et du Critias relatifs à l’Atlantide ont été reproduits par M. José Pérez, dans son Étude sur les relations des anciens Américains avec les peuples de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, insérée dans les Mémoires de la Société d’Ethnographie (Section Orientale et Américaine, 1ère série, t. VIII, 1862r p. 165).