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et le champ géographique du boudhisme

Et cette guerre, cette invasion du Tibet occidental par les Anglais s’explique naturellement. Ce pays n’a pas attiré les envahisseurs par sa richesse. Il ne compte pas 3 millions d’habitants, et sa situation au point de vue économique et social est des plus misérables. Mais cette citadelle montagneuse dont le Boudhisme s’est emparé, qui domine, au sud, l’empire anglais des Indes, a pris une grande importance lorsque les Russes, arrivant par les régions que baigne la Caspienne, en ont atteint les premières pentes de ce côté. Pour y maintenir leur domination, les lamas qui avaient entrevu le danger avaient fini par en fermer l’entrée aux voyageurs venant d’Europe.

Le dernier Européen ayant visité ce royaume des lamas est le missionnaire français Huc, dont le voyage eut lieu en 1845. Depuis cette date, les diverses tentatives faites pour y pénétrer ont toutes échoué. Seuls les agents asiatiques des Anglais, les pundites, ont pu en rapporter de nouveaux renseignements. Les plus récents ont été recueillis par un Mongol, sujet russe et élève de l’Université de Saint-Pétersbourg, qui est allé à Lhassa en 1900, avec des pèlerins de son pays.

Mais le Dalaï qui avait pu écarter de ce royaume boudhique des voyageurs isolés, et qui aurait pu facilement en fermer l’entrée à une armée d’envahisseurs, n’avait pris aucune mesure bien sérieuse de défense, lorsque cette invasion a eu lieu. Par contre, la guerre de l’Extrême-Orient a fourni aux Anglais les circonstances les plus favorables pour cette attaque : le Dalaï n’a pas été soutenu par la Russie, ni même par la Chine. Il n’a pu opposer aux Anglais que ses troupes, des soldats mal exercés et mal armés ; et il a fini par leur abandonner sa capitale, où ils sont entrés le 3 août.

Cependant cette guerre, qui n’a été marquée par aucune