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le tibet

La principauté Boudhique, dont le Dalaï a été le roi jusqu’à cette année 1904, et dont la Chine n’a que la suzeraineté, est donc limitée au Tibet occidental. Sa capitale, la capitale religieuse du Boudhisme, Lhassa, est au débouché des routes qui viennent de la Chine par les plateaux d’où descend le Hoang-ho. Cette ville est dominée par le palais du Dalaï, et, vers le centre, s’élève la pagode principale aux pignons dorés, qui montre une statue gigantesque de Boudha. Une sorte d’avenue circulaire d’une longueur approximative de 10 kilomètres, en fait le tour. C’est là que se déroulent les processions des pèlerins, qui la parcourent en y répétant, sans arrêt, leurs prosternations. Cependant Lhassa ne compte guère que 10.000 habitants.

Ses lamaseries, en y comprenant celles de la banlieue, sont bien plus peuplées. Elles renferment environ 16.000 lamas, sans compter les élèves groupés autour d’eux. Et entre ces lamaseries il y en a une qui est renommée pour les oracles que l’on y débite aux pèlerins, un fait montrant que les lamas sont véritablement les continuateurs des chamans. Enfin Lhassa a une sorte de citadelle, où campe, avec une garnison, le résident qui y représente l’empereur de Chine.

D’autres lamaseries sont éparses, dans tout ce Tibet qu’elles dominent. La plus ancienne, qui remonte au ixe siècle, rappelle la date où ce pays fut conquis par le Boudhisme. La plus renommée, après celle du Dalaï, est la lamaserie de Tashi-Lhumpo, une ville située sur le Brahmapoutre, à 200 kilomètres environ à l’ouest de Lhassa au débouché de la route la plus directe qui vient de Darjiling, la route des Anglais. Elle est la résidence d’un grand lama auquel les derniers événements ont donné une importance particulière, qui a fini par supplanter le Dalaï de Lhassa, à la suite de la guerre actuelle.