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le tibet

ce pays. Aujourd’hui encore, en grande majorité, les chefs des tribus Mongoles prétendent être de la famille de ce chef, dont les armées épouvantèrent l’Europe. Et l’on comprend sans peine l’importance de ce fait, de cette tradition restée vivante chez les frères des Mandchous.

Enfin on s’explique mieux ces événements du passé, ces migrations et ces invasions renouvelées pendant de longs siècles, en connaissant un grand fait d’un autre ordre, que les explorations de l’âge actuel ont permis de constater, c’est que l’Asie centrale est une des régions du globe sur lesquelles les agitations atmosphériques ruinant les campagnes, et les révolutions cosmiques lentes qui provoquent ces agitations et ces ruines, s’affirment avec le plus de force et de continuité.

Les invasions dirigées vers l’Europe, dans les conditions qui viennent d’être signalées, y ont laissé, vers le sud de l’Oural, des tribus qui n’ont pas encore renoncé à leurs traditions boudhiques chez lesquelles on trouve encore des lamas héritiers des chamans. Ces lamaseries occidentales, qui présentent des différences notables avec celles de l’Asie, marquent, de ce côté, la limite du champ géographique sur lequel s’est propagé le Boudhisme.

Entre l’Oural et le Tibet, la dernière partie de ce champ qu’il reste à parcourir pour achever le tour, c’est la zone où les nomades asiatiques se sont partagés entre les deux croyances du Boudhisme et du Mahométisme. Les premiers y ont laissé, dans nombre de stations où les révolutions cosmiques ont apporté la ruine, des monuments qui portent la marque de cette croyance.

Enfin, on arrive à la limite extrême de ce champ géographique en atteignant le Tibet, le foyer le plus vivace du Boudhisme, la principauté du Dalaï Lama, qui en a été le chef suprême jusqu’à l’invasion des Anglais.