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et le champ géographique du boudhisme

Ce foyer est la ville d’Ourga, où réside un grand lama, qui porte le titre de Bogdo, et qui a été institué par le Dalaï Lama, de Lhassa, en 1635, c’est-à-dire à une date relativement récente. Cette ville se trouve dans la vallée supérieure de la Selenga, le grand affluent du lac Baïkal, dont le Transsibérien traverse la zone inférieure. Elle a vue, du côté du nord-est, sur les monts Kentei, dont un sommet est une montagne sacrée du Boudhisme.

Ourga a pris, en quelque sorte, la succession de Kara-Korum qui a été, pendant des siècles, le camp principal des nomades de l’Asie centrale, Turcs, Ouigours, Mongols, et dont les débris ont été découverts plus haut dans cette même vallée. C’est de ce centre que sont parties les nombreuses et lointaines expéditions opérées par ces nomades, dans toutes les directions, en particulier du côté de l’Europe. À la fin, Kara-Korum fut prise par Gengis-Khan, sous lequel ces expéditions se renouvelèrent plus terribles, et elle devint la capitale de ses premiers successeurs, qui l’abandonnèrent ensuite pour se fixer à Pékin.

Il faut même rappeler un grand fait qui se rapporte à cette ville et à cet âge, et dont les événements actuels ravivent le souvenir. Au temps où Mangou, petit-fils de Gengis, était à Kara-Korum et où les Mongols poussaient leurs dévastations jusque vers le centre de l’Europe, le moine Rubruquis envoyé par le roi saint Louis arrivait dans cette ville, en 1253. Il y trouva des boudhistes, des mahométans et des moines Nestoriens, avec lesquels il engagea des discussions théologiques. Ce fait montre que Kara-Korum était alors le centre d’une agitation religieuse au milieu de laquelle le Boudhisme s’est implanté en Mongolie. C’est trois ans plus tard qu’elle était abandonnée, pour disparaître bientôt après.

Mais cette ruine n’a pas éteint le souvenir de Gengis dans