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corps sera la même que celle d’un fluide : ses molécules seront irrégulièrement distribuées autour du point et néanmoins leur intervalle moyen sera sensiblement le même sur toutes droites menées par ce point et très-grandes en égard aux distances moléculaires. Mais il n’en sera plus de même si l’on comprime le corps solide par une force extérieure l’intervalle moyen cessera d’être égal en tous sens autour du point et il arrivera même, en général, qu’il y aura diminution de cet intervalle dans le sens de la force donnée, et augmentation dans les autres directions. Or, la stabilité d’un semblable état d’équilibre suppose que les molécules se maintiennent dans la direction où elles sont le plus resserrées, par l’influence de leur forme sur leur action mutuelle, c’est-à-dire, que dans les solides, la force secondaire du numéro précédent n’est pas nulle comme dans les fluides, ce qui constitue la différence essentielle de ces deux sortes de corps. Les liquides visqueux sont intermédiaires entre les uns et les autres ; l’influence de la forme des molécules, ou la force secondaire, n’y est pas nulle, mais seulement moindre que dans les corps solides : nous regarderons cette influence comme tout-à-fait insensible dans les fluides parfaits dont nous nous occuperons exclusivement.

Enfin, dans les corps cristallisés, les molécules sont distribuées régulièrement et peuvent être inégalement resserrées en différents sens autour d’un même point elle se maintiennent dans cette disposition, en vertu de la partie secondaire de leur action mutuelle, et sans le secours d’aucune force extérieure ; et c’est en cela que ces corps diffèrent des corps élastiques non-cristallisés.

Ainsi, relativement à la constitution intime des corps for-