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nilles qui devaient sortir de ces oeufs trouvassent des arbres propres à les recevoir.

M. Mongez a cherché à répondre à cette question. Il fait remarquer d’abord que l’on n’ignorait point en Grèce que la soie est le produit d’un insecte, et que cet insecte vit sur un arbre ; il rappelle même à ce sujet un passage de Pline d’où il résulte que l’on recueillait dans l’île de Cos des soies produites par des chenilles du térébinthe, du cyprès, du frêne et du chêne, soies que l’abondance et les qualités supérieures de celle du mûrier ont probablement fait tomber en oubli. Il fait souvenir ensuite que, d’après la fable de Pyrame et Thisbé, le mûrier blanc semble n’avoir pas été inconnu aux anciens, puisque ce fut le sang de Pyrame qui teiguit les mûres blanches en pourpre :

....Arbor ibi, niveis uberrima pomis,
Ardua morus erat........

et plus loin,

Arborei fetus aspergine cædis in atram
Vertuntur faciem, madefactaque sanguine radix
Puniceo tingit pendentia mora colore.

Cette conjecture prend d’autant plus de vraisemblance que la scène de cette métamorphose se passe auprès des murs de Babylone, et que d’après un mot de Pline, on voit l’Assyrie fournissait une soie précieuse, dont on laissait l’usage aux femmes[1]. On trouve aussi, dans les Géoponiques, un que

  1. Assyria tamen bombyce adhuc feminis cedimus, Pl. I. xi, c. 23. Brothier et d’autres croient même trouver dans le chapitre 22, une description du bombyx qui produisait cette soie d’Assyrie ; mais c’est une erreur.