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raison de la feuille de capucine avec sa fleur dans l’état ordinaire, une nouvelle preuve de l’une de ses propositions : que la fleur n’est qu’une transformation de la feuille et du bourgeon qui en dépend. Il retrouve par la conformité des faisceaux ligneux dans les deux parties, soit dans leur nombre, soit dans leur conformation, l’origine de toutes les anomalies que présentent leurs fleurs ; la nature est venue lui offrir une pleine confirmation de tout ce qu’il avait aperçu à l’apparition d’une chlorantie de cette fleur, c’est-à-dire d’une altération par laquelle toutes ses parties sont changées en feuilles vertes. M. Dutrochet l’avait déjà découverte et annoncée ; mais M. Du Petit Thouars étant à même de la suivre pendant deux mois, a pu saisir toutes ses phases. Ce qui lui a paru le plus remarquable, c’est qu’une pointe ou mucro qui termine la nervure principale ou médiane seule, devient l’anthère dans l’étamine, et le style et le stigmate dans chacune des trois feuilles qui composent le pistil ou l’ovaire.

Il a pu suivre encore plus long-temps les changements d’une autre chlorantie, celle de la fraxinelle ; c’est une des plus anciennement connues, car elle a été décrite et figurée aussi bien que possible par Marchant, dans les Mémoires de l’Académie pour 1706.

La rencontre de ces déviations organiques a été pour M. Du Petit Thouars l’événement le plus heureux qu’il pût éprouver. Il regarderait comme très-important d’en observer au moins une dans chaque grande famille naturelle. Il en possède trois dans les ombellifères qui lui paraissent des plus instructives surtout pour la théorie des insertions. M. Du Petit Thouars a continué des recherches sur les germinations, et il a trouvé une pleine confirmation de ce