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chercha à le reproduire plus en grand. Des coecums d’oiseaux plongés dans l’eau, quoique liés au bout ouvert, se remplirent de ce fluide ; ouverts, l’eau y pénétrait par leurs parois en chassant devant elle les matières qu’ils pouvaient contenir, telles que du chyme ou du lait ; et ces phénomènes duraient tant que ces matières n’étaient pas putréfiées : alors l’inverse avait lieu, l’eau intérieure était chassée au dehors, et le petit intestin devenait flasque.

M. Dutrochet eut alors l’idée de fermer, au moyen d’un des cœcums, l’extrémité inférieure d’un tube rempli d’eau gommée, et de le plonger à demi dans l’eau. Le liquide ambiant suivit la route accoutumée : il pénétra dans l’intestin, et avec assez de force pour soulever l’eau gommée, et la faire monter jusqu’à ce qu’elle s’écoulât par l’extrémité supérieure du tube.

En variant ces expériences, M. Dutrochet est arrivé à cette conséquence générale, que toutes les fois que deux liquides de densité différente sont séparés par une membrane organique, le moins dense se porte avec force du côté où est le plus dense, et que la cavité où était ce dernier se remplit et devient ce qu’en physiologie l’on nomme turgide ; à moins toutefois que la nature chimique des liquides ne s’y oppose, l’alcalinité en certains cas produisant le même effet que la moindre densité. M. Dutrochet nomme endosmose cette tendance d’un liquide à pénétrer dans l’intérieur d’une cavité organique, et exosmose la tendance contraire ; et l’on comprend aisément que par le moyen des impulsions et des expulsions que ces tendances doivent produire il lui est aisé de donner des explications plausibles des mouvements qui ont lieu dans les fluides des végétaux ; il les applique même aux sécrétions des animaux.