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de quelques salines d’Allemagne, et en a aussi fait l’objet de quelques expériences.

En 1813, à l’époque où M. Gros entreprit de décorer la coupole de Sainte-Geneviève de la magnifique composition dans laquelle il a déployé un talent si admirable, MM. Thénard et Darcet furent consultés sur la méthode à suivre pour fixer la peinture à l’huile sur la pierre et préserver des chefs-d’œuvre d’une prompte destruction : ils jugèrent que le moyen le plus sûr était de faire pénétrer dans la pierre un corps gras liquéfié par la chaleur, qui en se refroidissant remplirait tous les pores et offrirait au pinceau de l’artiste un fond de la même nature que les couleurs qu’il avait à y appliquer. Ils composèrent cet enduit d’une partie de cire jaune et de trois parties d’huile, cuite avec un dixième de son poids de litharge. On chauffa successivement et fortement toutes les parties de la coupole au moyen d’un grand réchaud de doreur, et l’on y appliqua le mélange chauffé lui-même à la température de l’eau bouillante. À mesure que la première couche s’imbibait, elle était remplacée par une autre, jusqu’à ce que la pierre refusât d’en absorber : les murs une fois bien imprégnés, bien unis et bien secs, furent recouverts de blanc de plomb délayé dans l’huile, et c’est sur cette couche blanche que le grand peintre a exercé ses pinceaux. Onze années d’épreuve ont prouvé que les vues de ces chimistes avaient été heureuses : leur enduit ne met pas seulement la peinture à l’abri de l’humidité, il prévient encore l’embu ou cette inégalité d’éclat qui est occasionée par le plus ou moins d’absorption de l’huile, et il dispense ainsi le peintre de vernir son tableau. On a préparé de même les quatre pendentifs de la coupole inférieure qui doivent être