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en même temps il se rendit chez le lieutenant de police, pour l’informer de l’origine singulière et de l’issue du combat.

On conçoit de quelles craintes ses amis durent être agités lorsque, peu d’années après, les malheurs publics rendirent son adversaire si puissant et si redoutable. Charles eut le bonheur d’en être oublié ; il se perdit dans la foule innombrable de tant d’autres ennemis.

Ces mêmes événements, dont j’aurais voulu écarter le souvenir, l’exposèrent à un autre danger ; il avait reçu de la munificence royale un appartement au Louvre. Le riche cabinet de physique qu’il avait formé occupait une partie de la galerie d’Apollon. Lorsque le château des Tuileries fut envahi le 10 août 1792, les séditieux pénétrèrent dans ces appartements. Charles, environné tout-à-coup d’une multitude furieuse, se nomma, rappela ses ascensions aérostatiques qui avaient eu tant de témoins ; il montra au plafond le char même dont il s’était servi, et qui devint pour lui un monument protecteur ; il dut son salut à l’impression singulière que causa ce souvenir.

Au reste, Messieurs, un intérêt plus puissant que le danger personnel l’animait dans cette circonstance, et donnait à ses paroles une véhémence extraordinaire ; jamais il ne fut si éloquent en voici le motif. Un de ses frères, ecclésiastique, poursuivi par les discordes publiques, était caché dans ce même appartement. Charles lui donnait secrètement cet asile depuis deux mois. Enfin, les meurtriers s’éloignèrent. La piété fraternelle, la présence d’esprit, les talents, le courage, obtinrent de la fortune ce double bienfait. M. Charles a étendu ses recherches aux matières les plus