Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le second inventeur ; mais en s’exprimant ainsi, on ne porte aucune atteinte à l’éclat de la première découverte : elle immortalise le nom de Montgolfier ; car la gloire appartient de droit à quiconque ouvre une carrière nouvelle. Rien ne peut ternir l’éclat de l’expérience d’Annonay.

On continua quelque temps l’emploi des montgolfières : on a donné ce nom aux aérostats remplis d’air atmosphérique dilaté par le feu. L’étonnement fut porté au plus haut degré lorsqu’on vit à Paris MM. Pilatre de Rosier et le marquis Darlandes se placer dans une nacelle suspendue à l’aérostat, et portés dans l’air par un ballon entièrement libre. Charles formait presque en même temps un dessein non moins hardi, et les procédés qu’il venait de découvrir étant d’un effet plus assuré et plus durable, le succès fut plus éclatant. Il s’éleva, accompagné de M. Robert, à une hauteur d’environ 7000 pieds, et parcourut en quelques minutes un intervalle de 9 lieues.

La nouveauté d’un aussi grand spectacle offert à la nation la plus vive de l’Europe causa des impressions que l’on ne peut décrire, et dont l’effet paraît en quelque sorte incroyable. L’admiration, l’enthousiasme agitaient tous les esprits : une multitude prodigieuse, accourue de plusieurs provinces, remplissait les Tuileries et presque toutes les places publiques. Lorsque les navigateurs s’élevèrent, les spectateurs furent saisis de crainte et d’étonnement ; un grand nombre tombèrent à genoux : on respirait à peine, on garda assez long-temps un silence profond et universel, qui fut suivi d’acclamations immenses.

Descendu dans la plaine de Nesle, où se trouvaient le duc de Chartres et une multitude de cavaliers qui avaient accompagné ce prince, Charles proposa à M. Robert de per-