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MM. Montgolfier avaient construit à Annonay une enveloppe légère, de forme sphérique, de cent dix pieds de circonférence, qui, étant gonflée par le feu, s’était élevée dans l’air avec une force de 500 livres, était ensuite parvenue à la hauteur de 1000 toises, et avait parcouru, en dix minutes, une distance horizontale de 1.200 toises. Un cri de surprise et d’admiration s’éleva dans toute l’Europe. On commença à concevoir les espérances les plus extraordinaires ; il semblait que l’époque était arrivée où le génie de l’homme allait enfin entrer en possession des régions de l’atmosphère. L’expérience de quarante années a beaucoup affaibli ces premières impressions ; mais la découverte principale subsiste, les sciences en ont déja retiré des avantages remarquables.

On se plaît souvent à attribuer au hasard l’origine des plus ingénieuses découvertes. Les ouvrages des anciens et les histoires modernes ont conservé ces récits populaires, dont la plupart sont dénués de fondement. Les grandes inventions sont le fruit du génie éclairé par de longues études ; elles arrivent en leur temps, lorsque les connaissances antérieures ont préparé toutes les conditions et multiplié les chances de découvertes.

L’inventeur des aérostats, Joseph Montgolfier, cherchait un moyen de pénétrer dans les places fortes en s’élevant dans l’air ; il avait long-temps médité sur l’ascension des vapeurs ; il se formait l’idée d’un nuage artificiel qui, étant contenu dans une enveloppe flexible, se porterait aux plus grandes hauteurs. Les travaux de Priestley, de Cavendish et d’autres célèbres contemporains, avaient fait connaître les propriétés de nouvelles substances gazeuses, dont quelques-unes sont