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cieux son cabinet de physique. C’est l’origine de sa belle et utile collection.

Le nombre de ses auditeurs s’était accru rapidement ; il les attirait par une élocution facile et brillante, et, ce qui est plus rare, il les retenait par l’étendue et la variété de l’instruction. Il eut le même succès durant trente années ; et dans une multitude d’expériences si diverses et si difficiles, on ne se souvient pas qu’il en ait manqué une seule. Il ne se bornait pas à des effets médiocres, il s’efforçait d’exciter l’attention par la grandeur et l’intensité des résultats. Dans les expériences microscopiques, il produisait un grossissement énorme ; s’il observait la chaleur rayonnante, il en montrait les effets à de très-grandes distances ; dans ses leçons sur l’électricité, il foudroyait un animal.

Dès qu’un orage s’annonçait, on voyait Charles diriger vers le ciel son appareil électrique ; il faisait descendre du sein des nuages, des milliers d’étincelles formidables de plus de douze pieds de longueur, et qui éclataient avec un bruit pareil à celui d’une arme à feu. Sous sa main tout devenait un spectacle, et, pour ainsi dire, un événement qu’aucun des témoins ne pouvait plus oublier. C’est par là qu’il a si heureusement contribué à répandre le goût et l’étude de la philosophie naturelle.

La physique rationnelle et mathématique sera toujours le partage d’un petit nombre d’esprits méditatifs ; et cette étude profonde est nécessaire. C’est ignorer la nature que de ne pouvoir saisir les rapports secrets et immuables qui unissent les grands phénomènes. Mais la physique expérimentale instruit tous les hommes ; elle introduit la lumière