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plus habiles physiciens de l’Europe. On remarquait seulement que, soit dans les arts, soit dans les occupations les plus communes, il n’entreprenait rien qu’il ne l’achevât correctement, avec élégance, justesse et précision. Ce n’était encore qu’une heureuse disposition à la physique expérimentale. Mais un plan économique du contrôleur général des finances porta M. Charles dans la carrière des sciences. Son emploi fut supprimé ; on lui ôtait peu de chose, on lui laissa beaucoup ; il lui resta ce qui heureusement suffit à ceux qui doivent un jour exceller dans les arts, la libre disposition de son temps et de ses talents.

Vers ce même temps, le nom de Franklin retentissait dans les deux mondes. Ce grand homme donnait à l’Europe l’un des plus nobles spectacles que l’histoire puisse offrir aux nations : la postérité demandera s’il fut plus grand à la barre du parlement anglais, ou près des conseils du cabinet de Versailles, ou lorsque son génie détourna la foudre. Cette dernière découverte avait beaucoup contribué à porter les esprits vers l’étude des phénomènes naturels. M. Charles voulut s’y consacrer sans réserve. Il avait d’abord entrepris de répéter les expériences physiques les plus difficiles ; il y apportait une dextérité que l’on pourrait dire incomparable, et le succès l’enhardit à donner des démonstrations publiques. Il arriva alors que l’administration, se rappelant ses premiers services, lui offrit un nouvel emploi dans la trésorerie. Mais cette fois la finance vint trop tard ; les sciences avaient acquis M. Charles; elles le conservèrent. Il lui fut loisible de disposer de sa place ; il la céda et en retira quelque avantage.

Il eut donc à placer un capital inattendu : sa résolution fut bientôt prise ; il enrichit de plusieurs instruments très-pré-