Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rappelant les recherches entreprises par l’auteur il y a plus de trente années, fait connaître les résultats d'expériences très-remarquables, et met dans tout son jour l’avantage que l’on peut retirer de cet emploi de l’artillerie. En tirant avec le canon, dans une direction presque horizontale, des obus et des bombes attachées à la bouche de la pièce, on produit par le choc, par les ricochets, et par l’explosion, des effets considérables, et qui peuvent être fort utiles pour la défense ou l’attaque des places, et dans les combats de mer. Les massifs de fortification dépourvus de revêtement, et les bois des vaisseaux, sont fortement endommagés et peuvent être détruits par le choc et l’éclat de ces projectiles.

On cite avec beaucoup de soin dans le Mémoire les premières tentatives qui ont pu diriger l’attention sur cet objet. Elles remontent au siège d'Ostende en 1602, où un ingénieur français proposa à l’archiduc Léopold de lancer avec le canon des balles artificielles creuses contre les parapets en terre. Mais cet usage de l’artillerie ne pouvait être fondé que sur des expériences exactes et multipliées, et il exigeait des vues nouvelles. C’est à l’auteur du Mémoire qu’on en est redevable. Ses premières recherches ont été entreprises à Neuf-Brisach en 1791 ; et il fit exécuter à Schelestadt, le 11 août 1792, des épreuves dont les résultats ne laissèrent aucun doute. On les a rapportées dans le Mémoire, et l’on y indique avec précision la charge, la direction, la chute, l’effet des ricochets et des roulis , et la portée totale. Ces résultats ont été consignés dans un écrit imprimé à Metz en 1794, et qui a été conservé dans la bibliothèque du comité d'artillerie. M. le général Andréossy, ayant connu par ses diverses expériences ces effets du tir des bombes, des grenades et des obus, conçut l’idée