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Je vais transcrire ma note, telle qu’elle a paru en 18 16 ; tout lecteur éclairé jugera qu’une grande force d’attention n’était pas nécessaire pour en pénétrer le sens.

« J’ai long-temps soutenu que les feuillets du liber se transformaient en bois. Parmi les anciens physiologistes, plusieurs étaient de cet avis, d’autres le combattaient. Parmi les physiologistes modernes, on a vu régner la même dissidence dans les opinions. Entre ceux qui ont le plus fortement combattu l’hypothèse que j’avais adoptée, je citerai MM. du Petit-Thouars, Knight, Tréviranus et Keiser. Ils avaient raison, j’étais dans l’erreur. Je déclare que mes dernières observations m’ont fait voir que le liber est constamment repoussé à la circonférence, et que, dans aucun cas, il ne se réunit au corps ligneux et n’augmente sa masse. J’étais trop fortement préoccupé de l’opinion contraire pour y renoncer sur de légères preuves : je suis donc maintenant bien convaincu que jamais le liber ne devient bois.

« Il se forme, entre le liber et le bois, une couche qui est la continuation du bois et du liber. Cette couche régénératrice a reçu le nom de cambium. Le cambium n’est donc point une liqueur qui vienne d’un endroit ou d’un autre : c’est un tissu très-jeune qui continue le tissu plus ancien. Il est nourri et développé par une sève très-élaborée. Le cambium se développe, à deux époques de l’année, entre le bois et l’écorce, au printemps et en automne. Son organisation paraît identique dans tous ses points ; cependant la partie qui touche à l’aubier se change insensiblement en bois, et celle qui touche au liber se change insensiblement en liber. Cette transformation est perceptible à l’œil de l’observateur.