Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 8.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être androgynes, il croit cependant qu’ils ne sèment pas leur laitance dans l’eau, mais qu’un individu l’insinue dans l’autre au temps de la propagation.

Méry, autre membre de l’Académie des Sciences, peu de temps après, en 1710, donna une anatomie plus complète de l’anodonte des cygnes, toujours sous le nom de moule des étangs. C’est dans ce Mémoire qu’il proposa de regarder comme appartenant à l’appareil de la génération les doubles lames vasculaires situées de chaque côté du corps entre lui et le manteau. La paire interne fut pour lui des vésicules séminales, et l’externe des ovaires. Quoique cet anatomiste ait examiné ces organes d’une manière très-incomplète, et même en grande partie erronée, il vit très-bien, sans qu’il le dise cependant formellement que la paire externe est la seule dans laquelle on trouve des oeufs ; et c’est sans doute d’après cette observation qu’il en fit des ovaires, et admit que c’est là que naissent les oeufs. Quant à la paire interne, il n’en fit que des vésicules de dépôt d’un fluide sécrété par un petit corps blanc, qui, suivant lui, en parcourt toutes les lames. Dans cette manière de voir, les anodontes, et par conséquent les bivalves en général furent regardées comme androgynes c’est-à-dire comme possédant à la fois l’organe femelle et l’organe mâle de l’appareil de la génération ; d’où il résultait que tous les individus étaient semblables, qu’il n’y avait pas besoin d’accouplement ou de rapprochement de deux individus, et qu’un seul représentait l’espèce.

Telle est l’opinion qui a dominé dans la science pendant toute la durée du dix-huitième siècle, chez les physiologistes, comme chez les anatomistes et les naturalistes, quoique Méry n’ait réellement pas connu les véritables ovaires.