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nentes : sénateur en 1799 ; président du sénat en 1801 ; grand-chancelier de la Légion-d’Honneur en 1803 ; titulaire de la sénatorerie de Paris en 1804 ; ministre d’État la même année ; et rien ne prouve mieux à quel point le gouvernement avait été bien inspiré, que ce qui fut avoué par plusieurs des émigrés rentrés à cette époque ; c’est qu’à la vue du nom de Lacépède sur la liste du sénat, ils s’étaient crus rassurés contre le retour des violences et des crimes.

C’était aussi dans cette persuasion qu’il acceptait ces honneurs, et sans doute il ne prévoyait alors ni les événements sans exemple qui succédèrent, ni la part qu’il se vit obligé d’y prendre. On s’en souvient trop pour que nous ayons besoin d’en parler en détail ; mais nous ne croyons pas avoir non plus besoin de l’en justifier. Déja l’on n’est pas soi-même quand on parle au nom d’un corps qui vous dicte les sentiments que vous devez exprimer et les termes dont vous devez vous servir ; et lorsque ce corps n’est libre dans le choix ni des uns ni des autres, tout vestige de personnalité a disparu. Mais ceux qui, en de telles circonstances, ont, eu le bonheur de conserver leur obscurité, devraient penser qu’il y a quelque chose d’injuste à reprocher à l’organe d’une compagnie les paroles et les actes que la compagnie lui impose ; et peut-être même à vouloir qu’une compagne ait conservé quelque liberté devant celui qui n’en laissait à aucun souverain. Si elle répétait ces paroles de l’Evangile : Que celui qui est sans péché jette la première pierre, quels seraient, dans l’Europe continentale, les princes ou les hommes en pouvoir qui oseraient se lever ?

Toutefois encore, dans ces discours obligés, avec quelle énergie l’amour de la paix, le besoin de la paix se montrent