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établi une barrière presque infranchissable entre la France et les autres pays ; elle nous fermait les mers et nous séparait de nos colonies. Ainsi les livres étrangers ne nous parvenaient point ; les voyageurs ne nous apportaient point ces collections si nombreuses et si riches, qui nous sont arrivées aussitôt que la mer a été libre ; Péron même, qui avait voyagé pendant la guerre, n’arriva que lorsque l’ouvrage fut terminé. L’auteur ne put donc prendre pour sujets de ses observations que les individus recueillis au cabinet du Roi avant la guerre, guerre, et ceux que lui offrit le cabinet du Stathouder qui avait été apporté à Paris lors de la conquête de la Hollande. Parmi les naturalistes qui l’avaient précédé, il choisit Gmelin et Bloch pour ses principaux guides, et peut-être les suivit-il trop fidèlement, constant comme il était à observer avec les écrivains la même politesse que dans la société. Les dessins et les descriptions manuscrites de Commerson, et des peintures faites autrefois par Aubriet sur des dessins de plumier, furent à peu près les seules sources inédites où il fut possible de puiser ; et néanmoins, avec des matériaux si peu abondants, il réussit à porter à plus de 1500 les poissons dont il traça l’histoire ; et en estimant au plus haut le nombre des doubles emplois, presque inévitables dans un écrit pareil, et qu’en effet il n’a pas toujours évités, il lui restera de 12 à 1300 espèces certaines et distinctes. Gmelin n’en avait alors qu’environ 800, et Bloch, dans son grand ouvrage, ne passe pas 450 ; il n’en a pas plus de 1400 dans son Systema, qui a paru après les premiers volumes de M. de Lacépède, et qui a été rédigé dans des circonstances bien plus favorables.

Ces nombres paraîtront encore assez faibles à ceux qui sauront qu’aujourd’hui le seul cabinet du Roi possède plus