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avaient été prises dans d’autres auteurs ; et le même cabinet, sans avoir à beaucoup près encore tout ce qui est connu en possède maintenant plus de 900. Remarquons cependant que M. de Lacépède, à l’exemple de Buffon et de Linnæus, était trop enclin à réunir beaucoup d’espèces, comme si elles n’en eussent formé qu’une seule, et que c’est ainsi qu’il n’a admis qu’un crocodile et qu’un monitor, au lieu de dix ou de quinze de ces reptiles qui existent réellement ; d’où il est arrivé qu’il a placé le même animal dans les deux continents, lorsque souvent on ne le trouverait que dans un canton assez borné de l’un ou de l’autre : mais ces erreurs étaient inévitables à une époque où l’on n’avait pas comme aujourd’hui des individus authentiques apportés de chaque contrée par des voyageurs connus et instruits.

Buffon venait de mourir. Ce deuxième volume est terminé par un éloge de ce grand homme, ou plutôt par un hymne à sa mémoire, par un dithyrambe éloquent, que l’auteur suppose chanté dans la réunion des naturalistes, « en l’honneur de celui qui a plané au-dessus du globe et de ses âges, qui a vu la terre sortant des eaux, et les abîmes de la mer peuplés d’êtres dont les débris formeront un jour de nouvelles terres ; de celui qui a gravé sur un monument plus durable que le bronze les traits augustes du roi de la création, et qui a assigné aux divers animaux leur forme, leur physionomie, leur caractère, leur pays et leur nom. » Telles sont les expressions pompeuses et magnifiques dans lesquelles s’exhalent les sentiments qui remplissent le cœur de M. de Lacépède. Ils y sont portés jusqu’à l’enthousiasme le plus vif ; mais c’est un Buffon qui l’inspire, et il l’inspire à son ami, à son jeune élève, à celui qu’il a voulu faire héritier de son nom