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il faisait suite, et on luitrouva même, relativement à la science, des avantages incontestables. Il marque les progrès qu’avaient faits les idées, depuis quarante ans que l’Histoire 11atul’elle avait commencé à paraître, progrès qui avaient été préparés par les travaux même de l’homme qui s’était le plus efforcé dé les combattre ; et en le considérant sous un autre point de vue ; il peut servir aussi de témoin des progrès que la science a faits pendant les quarante ans écoulés depuis qu’il a paru.

On n’y voit plus rien de cette antipathie pour les méthodes et pour une nomenclature précise à laquelle Buffon s’est laissé aller en tant d’endroits. M. de Lacépède établit des classes, des ordres, des genres ; il caractérise nettement ces subdivisions, il énumère et nomme avec soin les espèces qui doivent se ranger sous chacune d’elles ; mais s’il est aussi méthodique que Linnaeus, il ne l’est pas plus philosophiquement. Ses ordres, ses genres, ses divisions de genres, sont les mêmes, fondés sur des caractères très-apparents, mais souvent peu d’accord avec les rapports naturels. Il s’inquiète peu de l’organisation intérieure. Les grenouilles, par exemple, y demeurent dans le même ordre que les lézards et que les tortues, parce qu’elles ont quatre pieds ; les reptiles bipèdes en sont séparés parce qu’ils n’en ont que deux les salamandres ne sont pas même distinguées des autres lézards par le genre. Quant au nombre des espèces cet rend l’augmentation actuelle de nos richesses encore plus sensible que les perfectionnements de nos méthodes. M. de Lacépède, quoique peut-être le plus favorisé des naturalistes de son temps, puisqu’il avait à sa disposition le cabinet que l’on regardait généralement comme le plus considérable, n’en compta que 288, dont au moins 80 n’étaient pas alors, au Muséum et