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où notre académicien prenait le titre de duc de Mont-Saint-Jean, et où il écartelait les armes de Ville de celles de Lorraine et de Bourgogne ancien. Mais, quoi qu’il en soit d’une filiation qui ne paraît pas avoir été constatée dans les formes reçues en France, nous pouvons dire que cette recherche ne fut pour M. de Lacépède qu’une affaire de curiosité, et que loin de s’en prévaloir, même comme le disait un homme d’une haute extraction, contre la vanité des autres, il entra dans le monde bien résolu à ne marquer sa naissance que par une politesse exquise. Chacun peut se souvenir que c’est une résolution à laquelle il n’a jamais manqué ; quelques-uns ont pu trouver même qu’il mettait à la remplir une sorte de superstition ; et il est très-vrai qu’il ne passait pas volontairement le premier à une porte, qu’il rendait toujours le dernier salut, et qu’il n’y avait point d’auteur, si vain qu’il fût, qui, lui présentant un ouvrage, ne s’étonnât lui-même des éloges qu’il en recevait. Mais ce qui n’est pas moins vrai, c’est que ces démonstrations n’avaient rien de calculé ni de factice, et qu’elles prenaient leur source dans un sentiment profond de bienveillance et de bonne opinion des autres : aussi tout le monde rendait-il à M. de Lacépède la justice de reconnaître qu’il était encore plus obligeant que poli ; et qu’il rendait plus de services, qu’il répandait plus de bienfaits qu’il ne donnait d’éloges.

Ces dispositions affectueuses qui l’ont animé si longtemps, et qu’il a portées plus loin peut-être qu’aucun autre homme, avaient été profondément imprimées dans son cœur par sa première éducation. M. de Laville, son père, veuf de bonne heure, l’élevait sous ses yeux avec une tendresse d’autant plus vive qu’il retrouvait en lui l’image d’une épouse qu’il avait fort aimée. Il exigeait des maîtres qu’il