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DE M. LE COMTE BERTHOLLET.

combinaisons est de nature, dans les circonstances données, à devenir cohérente ou à se changer en un fluide élastique, il se fait alors un précipité ou il s’élève une vapeur, et le liquide ne garde que les substances que ces causes n’en ont pas séparées. Rarement encore la séparation est-elle complète. Pour qu’elle le soit, il faut que l’échange des combinaisons n’ait laissé au liquide aucune force dissolvante sur le composé qui tend à se précipiter, ou sur celui qui cherche à devenir élastique. Ce n’est donc point une affinité élective qui sépare les combinaisons nouvelles, mais leur propre nature, leur plus ou moins de tendance à changer d’état. Il en est de même des simples dissolutions. L’affinité considérée à elle seule les opérerait dans toute sorte de proportions, si telle de ces proportions, à l’instant où elle se réalise, n’amenait pas un effet qui contrarie ceux de l’affinité, comme une cristallisation ou une évaporation. C’est alors seulement qu’il se forme des composés à proportions fixes.

Pour donner en exemple un des effets les plus simples de cette tendance à la cohésion, il suffit de citer le mélange de l’eau avec l’alcohol. Il se fait en toutes proportions, tant que le froid n’est pas assez grand pour congeler l’eau ; mais si cette circonstance arrive, l’eau qui tend à devenir solide est obligée de se séparer de l’acohol, qui ne peut prendre cet état que par un froid infiniment plus grand. Des phénomènes semblables dans les dissolutions sont ce qui a fait illusion aux chimistes, et les a engagés à admettre des affinités électives, agissant d’elles-mêmes par proportions fixes.

Telles sont, dans leur plus simple expression, les idées fondamentales de M. Berthollet ; mais le détail des applications qu’il en fait, et des expériences qu’il imagine pour en