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ÉLOGE HISTORIQUE

encore un effet de ce balancement de forces déjà observé dans les dissolutions du salpêtre, un nouveau pas dans cette appréciation des causes bien plus compliquées que l’on ne croyait, qui opèrent dans les phénomènes chimiques.

C’était aussi un pas de plus dans un des arts les plus utiles à la société, art que Leblanc avait déjà mis en pratique, mais qui depuis le retour d’Égypte a pris en France une extension surprenante. Je veux parler de la décomposition du sel marin pour en extraire la soude.

Le sel marin, que la nature nous donne avec tant de prodigalité, ayant la soude pour base, pouvait en fournir des quantités immenses ; mais tant que l’on n’avait point appris à l’extraire, toute celle qu’exigent nos verreries et nos savonneries nous venait à grands frais de l’étranger où on la tirait de la cendre des plantes qui croissent sur les bords de la mer, et qui décomposent le sel marin par la puissance de la végétation. Aujourd’hui des procédés analogues à ceux que la nature emploie en Égypte, ou d’autres qui produisent les mêmes effets, nous donnent à la fois, et aussi abondamment qu’on le veut, toute la soude nécessaire à nos fabriques de verre, de savon, et à nos lessives, et tout l’acide muriatique qui peut s’employer dans nos blanchisseries. On a calculé à plus de 40 millions le bénéfice que la seule extraction de la soude procure à notre commerce.

Mais M. Berthollet était accoutumé à répandre en se jouant ces sortes de bienfaits. Ce qui le préoccupait, lui, c’étaient ses vues sur les lois de l’affinité, sans cesse présentes à son esprit, et que ses dernières observations mûrirent à son gré. Soumises d’abord en esquisse à l’institut du Caire, publiées sous une forme plus étendue dans nos Mémoires de 1801,