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ÉLOGE HISTORIQUE

développa tout-à-fait dans son esprit, lorsque l’Égypte lui offrit dans le même genre des phénomènes encore plus caractérisés.

Le général en chef de l’armée d’Italie avait connu M. Berthollet en 1796, à l’occasion d’une commission que celui-ci avait reçue du directoire pour le choix des monuments des arts au prix desquels on avait accordé la paix aux princes de ce pays, et il avait pris plaisir à une simplicité de manières qui s’alliait à tant de profondeur dans les idées. Pendant le séjour de quelques mois qu’il fit à Paris, après le traité de Campo-Formio, il voulut employer ses loisirs à recevoir de lui des leçons de chimie. Il lui fit confidence de son expédition en Égypte, et lui demanda non-seulement de l’y accompagner, mais de choisir des hommes capables de le seconder par leurs talents et leurs connaissances dans une entreprise où toutes les connaissances pouvaient trouver de l’emploi.

On conçoit aisément à quel point devait plaire à un homme tout chimiste l’idée de visiter à son aise la patrie originaire de la chimie, le pays même dont la science a emprunté son nom, celui où Hermès Trismégiste en avait, disait-on, gravé tous les secrets en caractères mystérieux sur des monuments indestructibles. Mais ces motifs qui auraient infailliblement inspiré le même enthousiasme à beaucoup de ceux qu’il devait recruter, il ne lui était pas permis de les révéler. Le lieu de la destination devait rester un secret ; et tout ce qu’il put dire à ceux qu’il engageait, était : Je serai avec vous. Ces paroles suffirent. De la part d’un homme d’une franchise et d’une probité aussi connues, elles ne permettaient pas l’hésitation, et c’est sur elles que se forma cette noble association à laquelle,