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DE M. LE COMTE BERTHOLLET.

remarquable : celle d’une combinaison dans laquelle, selon la théorie que l’on s’en faisait, il entre une plus graonde proportion d’oxigène, et qu’il appela en conséquence acide muriatique suroxigéné. C’est l’acide chlorique de nos chimistes actuels. Mêlés à un corps combustible, ses sels détonnent bien plus fortement que le nitre ; bien plus aisément aussi, car il suffit de les frapper. On proposa d’en substituer au nitre dans la composition de la poudre. Cette poudre serait terrible, mais elle est trop dangereuse. La première fois que l’on voulut en faire à Essonne, le choc des pilons la fit éclater ; le moulin sauta, et cinq personnes furent victimes de l’essai : on n’a pas osé le renouveler.

Il existe cependant une composition encore plus effrayante, et c’est aussi M. Berthollet qui le premier l’a observée et décrite. C’est l’argent fulminant qui s’offrit à lui pendant ses recherches sur l’alcali volatil, et qu’il a fait connaître en 1788. Depuis long-temps on possédait l’or fulminant qu’une légère chaleur fait éclater avec fracas, mais il n’approche pas de l’argent fulminant. Sur celui-ci le plus léger contact produit une détonation épouvantable. Une fois la préparation faite, on est presque condamné à n’y plus toucher ; le moindre grain resté dans un vase peut tuer celui qui le frotterait, et cependant on n’a pas laissé que de tirer parti d’une composition imitée de celle là, le mercure fulminant d’Howard que l’on emploie maintenant à amorcer des fusils de chasse.

En 1790, M. Berthollet réunit toutes ses recherches sur la teinture dans un ouvrage élémentaire en deux volumes. Il y offre une théorie générale des principes de cet art. La doctrine des matières colorantes et de toutes les modifications qu’on peut leur faire subir, celle des mordants nécessaires